Le diabète aurait au moins 5 formes distinctes

Jean-Philippe par Jean-Philippe Leclère le
D'après l'article de James Gallagher sur bbc.com 1

En bref

  • Le diabète est une pathologie affectant le contrôle du taux de sucre dans le sang. Il y avait jusqu'alors le diabète de type 1 et celui de type 2.
  • Une équipe de chercheurs suédois et finlandais a découvert que le diabète n'aurait pas 2, mais 5 formes distinctes.
  • Les dépistages et les traitements pourraient être mieux adaptés à chacune de ces formes.
  • Ces résultats ouvrent la voie à une nouvelle ère où la prise en charge du diabète sera plus personnalisée. 

Le diabète touche 1 adulte sur 11 dans le monde aujourd'hui. Les personnes concernées ont un risque augmenté de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral, de cécité, d'insuffisance rénale et d'amputation d'un membre. Le diabète est également un facteur de risque important pour la maladie d'Alzheimer.

Il y a deux types de diabète. Alors que le diabète de type 1 est une maladie du système immunitaire assez rare (10% des personnes diabétiques), le diabète de type 2 n'est pas immunitaire. C'est également la forme la plus commune de la maladie.

Le mode de vie, plus particulièrement l'alimentation a un impact sur le risque de déclarer un diabète de type 2, mais il y a également une prédisposition génétique de la personne qui joue sur la survenue de la maladie et probablement des facteurs environnementaux.

Une nouvelle classification

Une étude réalisée par le Centre du diabète de l'Université de Lund en Suède et par l'Institut de Médecine Moléculaire de Finlande a examiné 14 775 patients, en effectuant une analyse détaillée de leur sang.

Les résultats publiés dans The Lancet Diabetes and Endocrinology, démontrent que les patients sont répartis en cinq groupes.

  • Groupe 1 : Le diabète auto-immunitaire grave est globalement identique au type 1 classique. Il concerne les personnes jeunes, apparemment en bonne santé. Une pathologie immunitaire les empêche de produire l'insuline en quantité suffisante.
  • Groupe 2 : Les personnes présentent un déficit sévère de la production d'insuline très similaires à ceux du groupe 1 (ils étaient jeunes, ont un poids normal) mais le système immunitaire n'est pas en faute.
  • Groupe 3 : Les personnes sont insulino-résistants (résistants à l'action de l'insuline). Ils présentent en général un excès de poids et produisent de l'insuline, mais leur corps n'y réagit plus.
  • Groupe 4 : C'est un diabète léger lié à l'obésité. Il a principalement été observé chez les personnes en fort surpoids mais dont le métabolisme est beaucoup plus proche de la normale que de celui constaté chez le groupe 3.
  • Groupe 5 : C'est également un diabète léger, mais lié à l'âge. Les patients sont significativement plus âgés que dans les autres groupes et la maladie a tendance à être moins grave.

Des impacts sur la prise en charge du diabète

L'un des chercheur, le professeur Leif Groop, a déclaré qu'il s'agissait d'un pas en avant vers la médecine de précision et que ces découvertes, si elles étaient appliquées au diagnostic permettraient de mieux cibler le traitement.

Il a notamment déclaré que les trois formes graves pourraient être traitées de manière plus agressive que les deux formes moins graves.

L'étude a permis de mettre au jour le groupe 2, qui n'est pas une maladie auto-immune mais qui est liée à un défaut des cellules bêta, et dont le traitement devrait se rapprocher du diabète de type 1.

En marge de cette étude, d'autres travaux ont montrés que les symptômes de l'insulino-résistance sont détectables des années avant l'installation du diabète de type 2 2. Une approche de santé plus axée sur la prévention pour cette typologies de patients est souhaitable à l'avenir.

Des facteurs de risques différents selon les groupes

Une autre découverte de cette étude concerne l'incidence de certaines maladies selon le groupe d'appartenance.

Le groupe 2 présente par exemple un risque plus élevé de cécité. Alors que chez le groupe 3 c'est le risque de maladie rénale qui est important. 

Ces groupes pourraient donc bénéficier d'un dépistage amélioré de ces maladies. 

Vers une meilleure compréhension de la maladie

Le docteur Victoria Salem, consultante et scientifique clinique à l'Imperial College London a déclaré que la plupart des spécialistes savaient déjà que les types 1 et 2 n'étaient pas un système de classification extrêmement précis, et que ces découvertes participaient à faire évoluer la manière d'appréhender la maladie.

Selon elle, il y a encore beaucoup à découvrir - il pourrait exister d'autres sous-groupes dans le monde en fonction des effets génétiques et environnementaux locaux.  On sait par exemple qu'il existe un risque accru de diabète de type 2 chez les asiatiques du sud.

Du coté de Diabetes UK, la docteur Emily Burns a déclaré que la compréhension de ces maladies distinctes devrait aider à personnaliser les traitements et également à réduire le risque de complications liées au diabète.

 


Références